

Mimi Marchand condamnée à 18 mois de prison avec sursis pour chantage sur Karine Le Marchand
Une puissante patronne de presse people qui "joue" de son carnet d'adresses pour "s'attirer les faveurs" des puissants, par "tous les moyens". Le tribunal a eu des mots sévères en condamnant mardi Mimi Marchand à 18 mois de prison avec sursis, pour avoir fait chanter l'animatrice Karine Le Marchand.
Michèle dite Mimi Marchand, 78 ans, était présente au tribunal, en robe estivale et bottes de daim pour écouter la décision. Elle a quitté la salle d'audience sans réaction juste après.
Le tribunal l'a reconnue coupable d'extorsion, et l'a également condamnée à 25.000 euros d'amende.
"Les infractions ont été permises grâce à votre réseau, en jouant de votre carnet d'adresses, pour vous attirer des faveurs par tous les moyens, au mépris des victimes et avec une certaine mesquinerie", lui a dit la présidente avant d'annoncer la peine - plus lourde que celle demandée à l'issue du procès il y a un mois par le parquet (un an avec sursis).
Son avocate a indiqué aux médias qu'elle allait "immédiatement" faire appel. "Mimi Marchand a été condamnée pour une infraction d'extorsion qui n'est caractérisée ni juridiquement ni matériellement d'autant que le tribunal a reconnu qu'elle n'avait en aucun cas sollicité d'argent", a déclaré Me Caroline Toby.
Karine Le Marchand n'était pas présente pour la décision mais son avocat Jean Ennochi a jugé qu'elle était "satisfaisante".
En février 2020, la patronne de l'agence de photos Bestimage avait alerté l'animatrice de "L'amour est dans le pré" qu'un "jeune" photographe inconnu avait tenté de lui vendre des photos de sa fille mineure sortant de garde à vue. Elle l'avait rassurée, disant les avoir "bloquées" en donnant 3.000 euros au photographe.
À la barre, Mimi Marchand a reconnu avoir "menti" - les images avaient été faites par l'un de ses paparazzi habituels, Sébastien Valiela. "Merci Mimi", avait répondu soulagée Karine Le Marchand, avant de "rembourser" une première partie de l'argent avancé, 1.600 euros.
- "Capacité d'influence" -
Le tribunal a condamné Mimi Marchand à rendre ces 1.600 euros à Karine Le Marchand car "peu importe qu'un remboursement n'est pas explicitement été demandé" à partir du moment où Mimi Marchand a accepté l'argent. Elle devra aussi payer 1.500 euros à l'animatrice en réparation du "préjudice moral constitué par la crainte et le stress".
Cette affaire "résulte d'un stratagème et d'une construction intellectuelle montée de toutes pièces par Mimi Marchand pour faire croire qu'il y avait un risque de publication" des images de sa fille - pourtant invendables car elle était mineure. Karine Le Marchand s'est sentie "redevable et dépendante", et Mimi Marchand n'a d'ailleurs pas tardé à lui faire des demandes, comme des "paparazzades" organisées que l'animatrice avait toujours refusées.
Le tribunal a ainsi mis en avant "la pression entretenue" par Mimi Marchand sur Karine Le Marchand pendant plusieurs mois, "faisant augmenter la crainte de Karine Le Marchand de voir les photos de sa fille publiées", une "crainte assez puissante pour lui enlever sa liberté d'esprit".
Enfin, les magistrats ont rappelé la "capacité d'influence" de Mimi Marchand, notoirement connue pour être une communicante de l'ombre des puissants - elle a longtemps été proche d'Emmanuel et Brigitte Macron, ainsi que Nicolas Sarkozy et Carla Bruni (avant que ces derniers ne soient inquiétés avec elle dans un volet annexe de l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne de l'ancien président).
Le tribunal a également condamné le paparazzo Sébastien Valiela à six mois avec sursis pour recel de violation du secret professionnel car il avait été informé de la garde à vue de la fille de Karine Le Marchand par un policier.
Le paparazzo a aussi été reconnu coupable de la même infraction dans un volet annexe, également en février 2020, car un policier l'avait alerté de la possible arrestation de l'artiste russe Piotr Pavlenski dans l'affaire des vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux.
À l'ouverture du procès le 26 mai, Piotr Pavlenski s'était fait expulser de la salle après avoir réclamé la relaxe de Mimi Marchand (qui a bénéficié d'un non-lieu sur ce volet), estimant que la diffusion des images de son interpellation participaient à son œuvre de "pornopolitique".
D.Wolf--MP