Münchener Post - Ultimes dénégations et contradictions de Cédric Jubillar à son procès

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Ultimes dénégations et contradictions de Cédric Jubillar à son procès

Ultimes dénégations et contradictions de Cédric Jubillar à son procès

Le corps agité de tremblements compulsifs, Cédric Jubillar a continué lundi de nier le meurtre de son épouse Delphine devant la cour d'assises du Tarn, lors d'un long interrogatoire au cours duquel plusieurs de ses contradictions ont été relevées sans que l'accusé ne perde le fil de ses dénégations.

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Delphine Jubillar a-t-elle pris une douche le soir du 15 décembre? Mis son pyjama? Porté ses lunettes? Cédric avait-il promené les chiens? La présidente Hélène Ratinaud a souligné les nombreux changements de versions de l'accusé lors des quatre ans et demi écoulés entre ses premières auditions et son procès.

Le peintre-plaquiste, 38 ans, s'est contredit lundi à plusieurs reprises. Interrogé par la juge à propos de l'hypothèse d'un éventuel départ volontaire de son épouse, il a répondu: "Je n'en ai aucune idée, j'espère pas", avant d'expliquer à l'avocat général Nicolas Ruff espérer "du coeur que ce soit ça".

Il a aussi assuré que la lésion constatée par un médecin légiste sur son bras droit au lendemain de la disparition, preuve selon les parties civiles d'un affrontement avec Delphine, était une "cicatrice" reçue plusieurs années plus tôt. Avant d'expliquer un peu plus tard qu'il se serait "taillé les bras à force de porter des paquets de parquet flottant".

"Le légiste a vu la cicatrice, mais il n'a pas vu les blessures dont vous venez de nous parler?", lui a alors demandé, incrédule, l'avocat de ses enfants, Laurent Boguet. "Tout à fait", a répondu l'accusé.

- "Claqué" -

Les débats sont par ailleurs longuement revenus sur sa consommation de contenus pornographiques les quatre jours précédant la disparition, ainsi que le lendemain, mais pas le soir-même. "Ce soir-là, j'étais extrêmement exténué, j'en n'avais pas envie. Le parquet, ça m'avait claqué", s'est-il expliqué.

"Et vous en consultez le 16?", le lendemain de la disparition, s'est étonnée la présidente de la cour.

"Ben, là, j'étais pas fatigué."

"Pourtant vous étiez debout depuis 3H45 du matin."

"C'était une journée certes dense, mais elle était pas fatigante", a-t-il assuré, se trémoussant de plus belle sur ses jambes et respirant bruyamment dans son micro.

A propos de la carte bancaire de l'infirmière, qu'il a utilisée après sa disparition, Hélène Ratinaud lui a demandé: "Si votre épouse avait disparu volontairement, ne pensez-vous pas qu'elle avait besoin de cet argent?"

"J'en avais besoin pour les enfants, la maison et mon propre plaisir", a-t-il dit, expliquant avoir notamment payé des courses et du shit.

- "J'aime les bijoux" -

Pour sa dernière journée d'interrogatoire, Cédric portait à nouveau à l'annulaire gauche une bague dont il a expliqué à la barre qu'il s'agissait d'un cadeau de son ex-petite amie Jennifer, celle qui a raconté aux enquêteurs que le peintre-plaquiste lui avait avoué avoir tué son épouse.

Me Pauline Rongier, qui représente une amie de Delphine, s'est étonnée: "Vous portez la bague offerte par une femme qui vous accuse devant la cour d'assises où vous encourez la réclusion à perpétuité?" "Oui, parce que j'aime les bijoux", a-t-il assuré.

"Avez-vous une explication à la disparition de votre épouse?", l'avait plus tôt interrogé Mme Ratinaud. "Je n'en ai aucune, je voudrais en avoir une pour pouvoir la donner à mes enfants."

Un psychiatre l'ayant examiné a décrit dans la matinée un homme doté d'"une grande maîtrise de ses émotions" mais dont l'enfance chaotique a pu faire de lui "un colosse aux pieds d'argile", aux fragilités persistantes.

Au terme de l'interrogatoire, la présidente a lu une lettre que lui a récemment adressé Louis, le fils de l'accusé.

"Madame la présidente, je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m'a fait subir", écrit le petit garçon, 11 ans aujourd'hui, avant de lister les punitions reçues de la main de l'accusé sans jamais le désigner autrement que par "Cédric".

"Qu'en pensez-vous ?", a demandé Hélène Ratinaud au père de famille. "Que c'est triste", a répondu laconiquement l'accusé, impassible lors de la lecture du courrier.

Le reste de la semaine sera consacré aux plaidoiries des parties civiles et de la défense, ainsi qu'au réquisitoire des deux avocats généraux. Le verdict est attendu vendredi. Cédric Jubillar encourt la réclusion à perpétuité.

A.Meyer--MP