Six morts dans de nouvelles frappes américaines contre de présumés narcotraficants
Les Etats-Unis ont annoncé lundi avoir tué six narcotrafiquants présumés lors de nouvelles frappes contre des embarcations dans le Pacifique, portant à au moins 76 morts le bilan d'une campagne militaire pointée du doigt par le chef des droits de l'homme de l'ONU et de nombreux pays.
"Ces navires étaient connus par nos services de renseignement comme étant associés à du trafic illégal de drogue", a écrit le ministre de la Défense Pete Hegseth sur X, en diffusant une vidéo de l'attaque, menée dimanche.
Les frappes ont été menées dans les eaux internationales de "l'est du Pacifique" contre deux navires "menés par une organisation désignée comme terroriste," a-t-il ajouté.
"Avec le président Trump, nous protégeons la patrie et tuons ces terroristes, membre de cartels, qui cherchent à faire du mal à notre pays et nos concitoyens", a encore écrit le ministre sur le réseau social.
Les Etats-Unis mènent depuis début septembre des frappes aériennes régulières dans le Pacifique et surtout dans les Caraïbes contre des bateaux présentés par Washington comme appartenant à des trafiquants de drogue.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a exhorté lundi les autorités américaines à enquêter sur la légalité de ces frappes, relevant de "solides indices" d'exécutions "extrajudiciaires".
"J'ai demandé à l'administration américaine d'ouvrir une enquête, car elle doit se poser la question suivante: s'agit-il de violations du droit international des droits de l'homme? S'agit-il d'exécutions extrajudiciaires? Il existe de solides indices le laissant penser, mais une enquête s'impose", a déclaré Volker Türk lors d'un entretien à l'AFP.
- Pêcheur -
Dimanche, une cinquantaine de pays d'Amérique latine et de l'Union européenne ont rejeté lors d'un sommet en Colombie "l'usage de la force", une critique voilée contre Washington.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva y a dénoncé les "vieilles manœuvres" utilisées pour "justifier des interventions illégales".
Avec les frappes de dimanche, ce sont désormais 20 embarcations qui ont été visées par les Etats-Unis depuis le début de cette campagne très contestée, pour un total d'au moins 76 morts, selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres des autorités américaines.
Le gouvernement américain a mené ces frappes sans apporter la preuve de liens entre leurs équipages et le narcotrafic.
Le président américain justifie, lui, ce déploiement au nom du conflit armé contre des gangs qu'il a désigné comme "terroristes".
Selon une notice envoyée par le Pentagone au Congrès, les Etats-Unis mènent un "conflit armé" contre les cartels de la drogue latino-américains, assimilés à des groupes terroristes dont les membres présumés sont qualifiés de "combattants illégaux".
Donald Trump accuse notamment le président vénézuélien Nicolas Maduro de faire partie d'un cartel.
Ce dernier a démenti et dénonce des tentatives de déstabilisation de son régime par les Etats-Unis. Washington a déployé de nombreux navires de guerre et avions de chasse dans la région, et un porte-avions a également été dépêché vers la zone.
Des gouvernements et les familles des victimes des attaques américaines affirment que de nombreuses personnes tuées étaient de simples civils.
Les proches d'un Colombien tué il y a quelques semaines par l'une de ces frappes ont raconté à l'AFP qu'il était parti de chez lui pour aller simplement pêcher le sierra, le thon et le vivaneau en haute mer.
P.Walsh--MP