

Des ténèbres à la lumière: la renaissance de Tifany Huot-Marchand après un terrible accident
Victime d'un grave accident en 2022 qui l'a rendue handicapée, l'ancienne patineuse de short-track Tifany Huot-Marchand a trouvé la force de se relever et de reprendre le contrôle de sa vie, et s'apprête à 31 ans à démarrer une deuxième carrière dans le paracyclisme.
"Si je ferme les yeux, je pourrais revivre la scène encore et encore. Je pense que c'est quelque chose qu'on n'oublie jamais. Je me souviens de la moindre douleur et des moindres détails", raconte à l'AFP celle qui a fait partie de l'équipe de France de short-track pendant 12 ans.
La vie de Tifany Huot-Marchand a basculé le 9 octobre 2022. Quelques mois après avoir pris part à ses deuxièmes JO d'hiver, alors qu'elle participe à une compétition à Heerenveen aux Pays-Bas, elle chute en plein virage et heurte la balustrade de la patinoire à pleine vitesse.
Dans le choc, ses genoux se plient, sa tête les heurte puis repart en arrière. Résultat: une cervicale fracturée et la moelle épinière endommagée, elle se retrouve paralysée.
Devant l'évidence, les médecins lui annoncent qu'elle ne remarchera sans doute jamais. Mais pour la patineuse, c'est impensable. Sur son lit d'hôpital, elle se jure alors de remarcher, recourir et repatiner.
- Un monde qui s'écroule -
"Dans ma tête, il était vraiment hors de question de ne plus patiner", raconte Huot-Marchand, tombée dans le short-track par amour de la glisse et de la vitesse.
Comme un mécanisme de défense, elle se réfugie dans le déni. Hospitalisée aux Pays-Bas, elle enregistre quelques jours plus tard une courte vidéo où elle semble presque s'amuser de la situation. "Pour moi, c'était OK d'en rire parce que je me suis dit que ça n'était qu'une question de temps. Que j'allais retrouver les patins et que quelques semaines après, je serais sur la glace et tout irait bien."
S'ensuit alors une longue phase de rééducation, de larmes, d'examens médicaux, de kiné, de douleurs... et de progrès. Car malgré les pronostics pessimistes du corps médical, elle parvient à remarcher et à recourir, comme elle se l'était promis.
Mais pour ce qui est de repatiner, le couperet tombe en juin 2023. Les médecins et la fédération sont catégoriques: retourner sur la glace serait trop risqué.
"Quand on m'a annoncé ça, mon monde s'est écroulé. La première réflexion a été de me dire: +J'ai fait tout ça pour rien+. J'ai pleuré pendant des jours, je ne dormais pas. Ça a vraiment été compliqué de me relever après ça."
"Je ne me suis jamais dit: +Ok, en fait je suis handicapée+. J'avais conscience de mes séquelles, c'était compliqué, mais je me suis dit: +Je suis plus forte que ça, ça va aller.+"
- Une nouvelle aventure -
Désormais handicapée à 55%, son quotidien reste marqué par les douleurs. "J'ai mal partout, tout le temps. J'ai mal aux mains, j'ai les jambes qui tremblent", décrit-elle parmi d'autres séquelles. "Aujourd'hui, je suis handicapée, j'ai ma petite carte de stationnement, ma carte d'invalidité. C'est la réalité de la chose."
Pour repartir de l'avant, la native de Besançon s'est lancée dans un nouveau défi et s'apprête à disputer sa première compétition de paracyclisme, avec comme objectif les Jeux paralympiques de Los Angeles en 2028.
"J'ai vraiment envie de faire cette reconversion et de tenter cette nouvelle aventure, même si c'est dur de se dire qu'il va falloir accepter que ça prenne du temps."
Vendredi, elle s'élancera sur les routes de Maniago en Italie pour un contre-la-montre comptant pour la Coupe du monde. Le même jour, sortira son livre, commencé dès ses premiers jours d'hospitalisation et qu'elle a titré "Avec toute mon âme" (éd. En exergue).
"Ce titre représente tout ce que j'ai traversé. Ma passion pour le short-track, c'était clairement avec toute mon âme. Ensuite pour me relever, pareil, c'est vraiment l'âme qui a parlé plus que le corps."
Elle y raconte en toute transparence son parcours, l'accident, les hôpitaux, les douleurs qui ne s'estompent pas... et veut faire passer ce message: "Même dans les ténèbres, la lumière revient toujours."
J.P.Hofmann--MP