

Alimentation: Greenpeace France demande l'interdiction de l'hexane
Greenpeace France demande l'interdiction dans l'industrie agroalimentaire de l'hexane, un solvant issu de la distillation du pétrole utilisé notamment pour l'extraction des huiles végétales, peu après l'annonce d'une mission parlementaire sur le sujet.
"Greenpeace France appelle les pouvoirs publics français et européens à prendre leurs responsabilités et à agir immédiatement pour protéger la santé de la population et mettre fin à l'usage de ce solvant dangereux", demande l'ONG dans un communiqué de presse publié lundi.
"Cet hydrocarbure est une substance neurotoxique avérée, suspectée d'être reprotoxique et un potentiel perturbateur endocrinien", affirme Greenpeace dans un rapport rédigé à l'issue d'un an d'enquête et d'analyses en laboratoire.
"Sur 56 produits alimentaires testés, 36 contiennent des résidus d'hexane, dont des huiles, du beurre, des laits, y compris infantiles, ainsi que du poulet", selon le rapport.
Les quantités relevées (entre 0,05 et 0,08 mg/kg pour les huiles testées) sont très inférieures aux seuils règlementaires (1 mg/kg).
Mais Greenpeace dénonce "des réglementations obsolètes et peu contraignantes, fondées sur des études datant de 1996 et fournies par les industriels eux-mêmes".
La Commission européenne a d'ailleurs chargé en mai dernier l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de réévaluer "la sécurité de l'utilisation de l'hexane" dans l'agroalimentaire, précise le site internet de l'Efsa.
En France, une mission parlementaire doit prochainement être lancée, a annoncé jeudi le député MoDem Richard Ramos, qui a assumé vouloir "informer, sensibiliser et préparer l'interdiction de ce solvant au profit de solutions respectueuses de la santé et de l'environnement".
"Il n'y a aucune alerte sanitaire concernant l'hexane", a réagi auprès de l'AFP Hubert Bocquelet, de la Fédération nationale des corps gras (FNCG, qui représente les industriels du secteur).
"Dire qu'il y a du pétrole dans les assiettes est complètement faux. L'hexane est éliminé, il n'est plus présent dans les produits mis à la consommation si ce n'est sous forme de traces résiduelles".
Greenpeace relève que "l'intérêt majeur de ce solvant repose sur sa rentabilité puisqu'il permet d'extraire environ 97% de l'huile de la graine" de colza ou de tournesol. Pourtant, affirme l'ONG, "des alternatives existent" comme la pression à froid, mais moins efficaces pour l'extraction.
L'ONG pointe du doigt le groupe agroalimentaire Avril (Lesieur), géant français des huiles accusé, "grâce à son influence tentaculaire et à son omniprésence au sein des instances agricoles et politiques" de contribuer "à maintenir l'usage de l'hexane".
Selon Greenpeace, "deux tiers des usines françaises" n'utilisent pas l'hexane, mais "près de 90% des graines oléoprotéagineuses sont transformées dans des usines ayant recours à de l'hexane: ce sont les usines d'industriels tels que Saipol (filiale d'Avril), Cargill ou encore Bunge".
A.Meyer--MP