

L'Allemagne sue sous la canicule qui a essoré l'Europe
Après la France et le pourtour méditerranéen, le nord de l'Europe, peu habitué aux canicules, transpire sous la fournaise avec un pic de chaleur mercredi en Allemagne où les autorités multiplient les messages de prévention.
Dans le pays européen le plus peuplé, la température doit atteindre des maximales comprises entre 34 et 38°C, et jusqu'à 40°C localement, tel à Mannheim, dans le sud-ouest, selon le service météorologique allemand.
Comme pour la Belgique et les Pays-Bas, la canicule est arrivée mardi mais avec des températures moindres que dans le sud du continent qui affronte des conditions extrêmes depuis plusieurs jours.
"Je vais travailler et transpirer — je donne des cours jusqu’à midi et demi, puis on aura des réunions l'après-midi. Je ne ferai pas de sport et je boirai beaucoup", confie Klaus Hirsch, enseignant à Francfort (ouest).
- Asphalte déformé -
Les chemins de fer allemands, la Deutsche Bahn, s’attendent à des retards et des restrictions de circulation sur certaines lignes, particulièrement dans l'ouest, plus touché par la chaleur.
Sur les autoroutes de ce pays où l'automobile est reine, l'asphalte de la chaussée s'est déformé sous l'effet des températures, rapporte la presse allemande.
Dans un geste symbolique et pragmatique, les militants du collectif Fridays for Future manifesteront pour la première fois à la nuit tombée, à partir de 22H00, afin d'échapper à la fournaise. Ces activistes climatiques protesteront contre les plans du chancelier conservateur Friedrich Merz de miser davantage sur le gaz, une des énergies fossiles source du réchauffement de la planète.
Cette journée de températures record pour début juillet pourrait s'achever par des orages particulièrement forts accompagnés de grêle et de rafales de vent jusqu'à 120 km/h, dans le nord-ouest du pays - de Cologne à Hambourg.
En Belgique, l'Atomium, monument emblématique de Bruxelles en inox, sera fermé mercredi après-midi à cause de la chaleur.
Dans les écoles de Wallonie qui ne sont pas encore en vacances, contrairement à celles de Flandre, les enseignants s'efforcent de maintenir les enfants au frais en utilisant des ventilateurs et des climatiseurs lorsqu'ils sont disponibles, organiser des jeux d'eau et des pauses à l'ombre.
Les Pays-Bas ont quant à eux connu leur première "nuit tropicale" de l'année, avec des températures bloquées au dessus de 20°C.
Humains et animaux tentent de s'adapter à cette vague de chaleur précoce : un berger néerlandais a fait paître ses moutons beaucoup plus tôt que d’habitude mercredi matin, dans le centre du pays, car "les animaux supportent mieux le froid que la chaleur", a-t-il expliqué au média local Omroep Gelderland.
Il n'a pas tondu ses moutons, car la "laine les protège de la chaleur (...) ils attraperaient des coups de soleil beaucoup plus vite", a-t-il ajouté.
- Inégalités -
Les habitants du sud de l'Europe espèrent un peu de répit, après un mois de juin aux températures record et plusieurs journées suffoquantes qui ont de nouveau mis en lumière les inégalités face à la chaleur.
"Vers 3h du matin, on se réveille en se disant +qu'est-ce qu'il faut chaud !+ On ne met pas la clim car même dans les foyers de la classe moyenne on ne peut pas se le permettre", souligne Julia Munoz, 60 ans, rencontrée dans le métro de Madrid.
Le "pic le plus intense" est passé en France, selon le gouvernement.
De Rome à Paris, les autorités dressent les premiers bilans sanitaires, même si une estimation plus globale des décès liés à cet épisode devrait prendre des mois.
"Plus de 300 personnes ont été prises en charge en urgence par les pompiers et deux sont décédées à la suite de malaises liés à la chaleur", a déclaré mercredi la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
En Italie, selon la Simeu, regroupant médecins et infirmiers travaillant aux urgences, la vague de chaleur a entraîné une hausse de 10% des arrivées aux urgences dans les grandes villes comme Milan, Florence ou Naples, selon leur service de presse contacté par l’AFP.
Les canicules de 2003 et 2022 avaient provoqué respectivement 70.000 et 61.000 décès prématurés en Europe, selon des études d'excès de mortalité.
Si les vagues de chaleur en été ne sont pas nouvelles, après des décennies de combustion de charbon, de pétrole et de gaz responsables du réchauffement, les canicules surviennent plus tôt et plus tard dans l'année.
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M.Schulz--MP