

Promettre moins pour faire plus ? La Chine dévoile ses nouveaux objectifs climatiques
Le dirigeant chinois Xi Jinping s'est engagé à ce que son pays réduise ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 7 à 10% d'ici 2035, un objectif considéré comme modeste.
Mais Pékin a souvent "promis moins et fait plus" selon des analystes, et son engagement ouvre la voie à des efforts plus ambitieux pour lutter contre le changement climatique.
Voici ce qu'il faut savoir:
- Pourquoi ça compte ? -
La Chine représente près de 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La trajectoire de la Chine déterminera si le monde parviendra à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici la fin du siècle et à éviter les conséquences les plus catastrophiques du dérèglement climatique.
En vertu de l'accord de Paris, les pays doivent mettre à jour leurs objectifs climatiques, aussi appelés "contributions déterminées au niveau national" tous les cinq ans. Beaucoup se précipitent pour le faire avant le sommet climatique de la COP qui se tiendra au Brésil en novembre prochain.
La Chine s'est engagée en 2021 à atteindre son pic d'émissions de dioxyde de carbone avant 2030 et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Mais elle n'a donné aucun objectif chiffré à court terme pour réduire ses émissions.
- Ce que Pékin promet -
Dans le cadre du nouveau plan, la Chine s'engage à:
- Réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de l'ensemble de l'économie de 7 à 10% par rapport aux niveaux maximaux, tout en "s'efforçant de faire mieux". Certains analystes estiment que le pic d'émissions du pays pourrait intervenir cette année. Pour s'aligner sur l'objectif de 1,5°C, Pékin doit réduire ses émissions d'environ 30% en dix ans par rapport aux niveaux de 2023.
Les Etats-Unis ont atteint leur pic d'émissions de CO2 en 2007 et les ont réduites d'environ 14,7% dix ans plus tard.
- Augmenter la part des énergies non fossiles dans la consommation totale d'énergie à plus de 30% et multiplier par plus de six la capacité éolienne et solaire par rapport aux niveaux de 2020, pour atteindre 3.600 gigawatts.
- Augmenter la couverture forestière à plus de 24 milliards de mètres cubes.
- Faire des véhicules électriques la norme dans les nouvelles ventes automobiles.
- Etendre le système national d'échange de quotas carbone aux secteurs à fortes émissions et établir une "société adaptée au climat".
- Ce que pensent les experts -
Les observateurs s'accordent presque tous à dire que ces objectifs sont trop modestes, mais que la Chine est susceptible de les dépasser grâce à l'essor de son secteur des technologies dites "propres".
"La Chine a souvent promis moins qu'elle n'a tenu", estime Andreas Sieber, directeur adjoint des politiques et des campagnes chez 350.org.
"L'espoir est que la décarbonation réelle de l'économie chinoise ira sans doute plus vite que cet objectif sur le papier", a commenté Yao Zhe, de Greenpeace en Asie.
L'objectif doit être vu "comme un plancher et non un plafond", commente l'un des meilleurs experts des émissions chinoises, Lauri Myllyvirta, du centre de réflexion CREA.
Au rythme actuel de croissance des énergies renouvelables, l'objectif 2035 sera largement dépassé, même si cela "laisse la porte ouverte à une augmentation des émissions à court terme", avertit-il.
"La bonne nouvelle, c'est que dans un monde de plus en plus guidé par l'intérêt personnel, la Chine est mieux placée que la plupart des autres pays pour faire avancer l'action climatique", abonde Li Shuo, de l'Asia Society.
"L'annonce est un signal clair que l'économie mondiale du futur marchera aux énergies propres", a salué de son côté le patron de l'ONU Climat, Simon Stiell.
J.Becker--MP