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Trois enfants américains, dont un atteint d'un cancer, expulsés des Etats-Unis
Trois enfants américains, dont un atteint d'un cancer, expulsés des Etats-Unis / Photo: David Dee Delgado - GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Trois enfants américains, dont un atteint d'un cancer, expulsés des Etats-Unis

Trois enfants américains de deux, quatre et sept ans, dont un atteint d'un cancer, ont été expulsés des Etats-Unis avec leurs mères immigrées clandestines, ont dénoncé samedi des associations de défense des libertés publiques, fustigeant la politique anti-immigration draconienne de Donald Trump.

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Le cas d'une fillette de 2 ans renvoyée avec sa mère vers le Honduras, affaire entre les mains d'un juge fédéral en Louisiane (sud), est la dernière en date qui place la justice américaine en conflit ouvert avec le pouvoir exécutif.

Le juge Terry Doughty a fixé au 16 mai une audience censée "dissiper notre forte suspicion que le gouvernement vient d'expulser un citoyen américain sans véritable procédure" juridique formelle, est-il écrit dans un document judiciaire rendu public vendredi.

Il y est rappelé que le droit américain interdit d'expulser vers l'étranger un ressortissant des Etats-Unis.

Selon cette ordonnance judiciaire, l'administration Trump ne conteste pas les faits mais assure que l'expulsion de l'enfant, identifiée sous ses initiales "V.M.L.", répond à la requête expresse de la mère, elle-même renvoyée vers le Honduras car en situation irrégulière aux Etats-Unis.

"Le gouvernement soutient que c'est normal, car la mère souhaite que l'enfant soit expulsé avec elle. Mais la cour n'en a pas connaissance", conteste, sur la forme, le magistrat.

La petite fille a été expulsée avec sa mère hondurienne après une rétention administrative par les services de l'immigration (Immigration and Customs Enforcement, ICE) bien que les avocats du père aient déposé devant la justice un référé en urgence visant à la faire libérer.

- Vent debout -

Vent debout contre la politique de l'administration Trump, les associations American Civil Liberties Union (Aclu) et National Immigration Project (NIP) ont dénoncé le sort de la toute jeune américaine née aux Etats-Unis.

Et dans des communiqués, les ONG ont aussi fustigé "l'expulsion par ICE à la Nouvelle-Orléans d'au moins deux (autres) familles, dont deux mères et leurs enfants".

Parmi eux, un garçonnet de quatre ans est atteint d'une "forme rare de cancer" et une "mère (est) enceinte", a affirmé Aclu.

De son côté, une responsable de NIP, Gracie Willis, a jugé "épouvantable (...) qu'ICE bénéficie d'un accord tacite pour arrêter et expulser des enfants américains".

Les expulsions ont eu lieu vendredi à l'aube depuis la Louisiane selon les associations

Les contentieux se multiplient aux Etats-Unis sur l'immigration clandestine.

Il y a le cas emblématique de Kilmar Abrego Garcia, un Salvadorien expulsé à tort par les Etats-Unis vers une mégaprison dans son pays d'origine, et dont le retour a été ordonné par la justice américaine, mais sans succès.

- "Tyrannie des juges" -

Le président Trump a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité absolue, parlant d'"invasion" par des "criminels venus de l'étranger" et mettant en scène des opérations de police.

Face à des décisions de justice qui lui sont défavorables, l'exécutif a engagé un bras de fer avec le pouvoir judiciaire, l'entourage du président dénonçant la "tyrannie" des juges.

Vendredi, la police fédérale FBI a arrêté une magistrate en plein tribunal à Milwaukee, dans le Wisconsin (nord), pour "entrave" à l'interpellation d'un immigré.

Donald Trump, qui était à Rome et au Vatican pour les funérailles du pape François, a une nouvelle fois commenté ce dossier samedi sur ses comptes Truth Social et X en réclamant "une JUSTICE courageuse dans notre pays".

Il a taclé son prédécesseur "Joe Biden, l'escroc, qui aura détruit notre pays avec sa FOLIE de frontières ouvertes, laissant entrer toutes sortes de criminels (...) meurtriers, trafiquants de drogues, gangsters et même des malades mentaux (...) provoquant le chaos comme jamais auparavant".

Et à l'adresse des défenseurs des droits, le milliardaire ultraconservateur a estimé "impossible qu'il y ait des procès pour des millions et des millions" d'immigrés.

"Nous savons qui sont les criminels et devons les faire sortir des Etats-Unis d'Amérique - et VITE!", s'est-il emporté.

Réagissant récemment à ces expulsions, la juge Sonia Sotomayor, l'une des trois magistrats progressistes de la Cour suprême à Washington, a évoqué le précédent historique de "régimes sans foi ni loi".

"Mais le système juridique de notre pays est là pour empêcher leur avènement, pas pour le faciliter", a-t-elle assuré.

burs-nr/phs

A.Roth--MP