

Lazaro Cardenas, le port mexicain en première ligne de la guerre commerciale lancée par Trump
À l'aube, deux navires de Singapour et Hong Kong déchargent des conteneurs dans le port mexicain de Lazaro Cardenas sur le Pacifique, en première ligne de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump.
Dans l'ouest du pays, Lazaro Cardenas (du nom d'un ex-président mexicain) couvre l'équivalent de 3.166 terrains de football.
La grande façade maritime du Mexique sur le Pacifique reçoit et exporte des milliers de voitures et des millions de pièces automobiles. M. Trump a imposé des taxes de 25% à leur entrée aux Etats-Unis, où partent plus de 80% des exportations mexicaines.
Jusqu'ici, pas d'impact sur Lazaro Cardenas: le mouvement des conteneurs a augmenté de 11% entre janvier et mars, malgré le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.
Le port est à l'image de l'économie mexicaine, qui a aussi réussi pour le moment à esquiver la récession que lui promet le FMI en raison de la dépendance de son commerce extérieur aux Etats-Unis.
Le PIB a augmenté de 0,6% en glissement annuel au premier trimestre de 2025, bien que les analystes avertissent des difficultés dans le secteur manufacturier, à cause des taxes douanières.
A Lazaro Cardenas, la Marine mexicaine s'active aussi pour neutraliser le trafic de drogues.
A son retour à la Maison Blanche, le président républicain a accusé le Mexique et le Canada de ne pas assez lutter contre le trafic de fentanyl (un opioïde responsable d'une crise sanitaire aux Etats-Unis) et la migration illégale.
Dans une zone spéciale, des dizaines de militaires inspectent les produits de certains conteneurs pour s'assurer qu'il n'y a pas de drogues.
Un militaire prélève des échantillons dans d'énormes sacs de farine de poisson pour les placer dans une machine capable de détecter des substances illégales telles que la cocaïne. La Marine affirme avoir saisi 2,7 tonnes de poudre blanche l'année dernière.
Cependant, l'attention se porte également sur les "substances duales", des produits chimiques qui peuvent être utilisés aussi bien pour fabriquer des médicaments que pour produire des drogues synthétiques, comme le fentanyl.
"Si l'entreprise (propriétaire de la charge) prouve que c'est légalement" qu'elle l'importe, "alors nous vérifions juste que la substance a ces données", explique le marin responsable de la surveillance du port.
- Voitures et acier -
Le port est connecté à un chemin de fer qui mène directement jusqu'aux Etats-Unis et au Canada, de sorte qu'un conteneur peut atteindre Chicago en sept jours.
"C'est un point logistique stratégique pour la distribution de marchandises", déclare Joel Méndez, directeur des opérations du port, lors d'une visite des installations avec l'AFP.
Lazaro Cardenas est même devenu un concurrent important du port de Long Beach, en Californie, selon les autorités locales. Une extension de 1.100 hectares (916 terrains de football) est prévue.
Depuis l'un des affluents du port, on observe des dizaines de véhicules de différentes marques être embarqués vers les Etats-Unis ou transportés par route vers des destinations nationales.
Le terminal occupe la première place pour le chargement de véhicules avec 35% du total national dans cette industrie qui, pour sa part, représente 3,6% du PIB.
En même temps, des matériaux arrivent pour l'industrie sidérurgique, qui exporte de l'acier fini vers plusieurs marchés.
À Lazaro Cardenas est implanté ArcelorMittal, l'un des plus grands aciéristes du monde.
L'acier et l'aluminium sont également frappés d'une taxe de 25% à leur entrée aux Etats-Unis.
Toutefois, Donald Trump a exclu le Mexique du système de taxes réciproques qu'il a imposé à des dizaines de pays, notamment la Chine, et annoncé des mesures pour atténuer l'impact sur le secteur automobile.
Au milieu des tensions commerciales, les travailleurs se préparent pour la haute saison de l'industrie, entre mai et juin, lorsque les entreprises exportent et importent des millions de produits en vue des festivités de fin d'année.
"Nous voulons avoir les conditions les plus appropriées pour les accueillir", résume le directeur des opérations Joel Méndez, certain que le port "continuera de croître".
P.Mueller--MP