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Les premiers combattants kurdes du PKK s'apprêtent à rendre les armes

Les premiers combattants kurdes du PKK s'apprêtent à rendre les armes

La guérilla kurde du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, s'apprête à franchir une étape symbolique en procédant vendredi en Irak à un premier dépôt d'armes.

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Une cérémonie est prévue vendredi matin dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak frontalier de la Turquie, non loin des montagnes où sont repliés les combattants kurdes.

Les autorités locales ont annoncé avoir abattu deux drones à proximité de positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Peu de détails ont été partagés sur le déroulement de cette cérémonie durant laquelle une trentaine de combattants devraient détruire leurs armes puis regagner les montagnes, a indiqué un responsable du PKK à l'AFP.

Les forces de sécurité kurdes se sont lourdement déployées autour du lieu supposé de la cérémonie, a constaté vendredi une journaliste de l'AFP.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts.

- "Responsabilité historique" -

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Mais aucune précision n'a été donnée sur une présence officielle d'Ankara.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

- "Geste de bonne volonté" -

"En geste de bonne volonté, un certain nombre de combattants du PKK, qui ont pris part au combat contre les forces turques ces dernières années, détruiront ou brûleront leurs armes au cours d'une cérémonie dans les prochains jours", avait indiqué à l'AFP début juillet un commandant kurde sous couvert de l'anonymat.

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Kandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

D.Johannsen--MP