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Ukraine: violents combats à Lyssytchansk, que les séparatistes affirment encercler
Ukraine: violents combats à Lyssytchansk, que les séparatistes affirment encercler / Photo: Oleksandr GIMANOV - AFP

Ukraine: violents combats à Lyssytchansk, que les séparatistes affirment encercler

De violents combats faisaient rage samedi à Lyssytchansk, ville de l'est de l'Ukraine au coeur de la bataille pour le contrôle du Donbass, que les séparatistes prorusses disent avoir "totalement" encerclée, une affirmation démentie par l'armée ukrainienne.

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"Les combats font rage autour de Lyssytchansk. Heureusement, la ville n'est pas encerclée et elle est sous contrôle de l'armée ukrainienne", a déclaré à la télévision Rouslan Mouzytchouk, porte-parole de la Garde nationale de l'Ukraine.

Les séparatistes soutenus par Moscou avaient affirmé peu avant avoir "totalement" encerclé Lyssytchansk.

"Aujourd'hui, la milice populaire de Lougansk [l'armée séparatiste, ndlr] et les forces armées russes ont occupé les dernières hauteurs stratégiques, ce qui nous permet d'affirmer que la localité de Lyssytchansk est totalement encerclée", a déclaré Andreï Marotchko, un représentant de cette force armée, cité par l'agence de presse russe TASS.

Lyssytchansk est la dernière grande ville à ne pas être encore aux mains des Russes dans la région de Lougansk, l'une des deux provinces du Donbass, région industrielle de l'est de l'Ukraine, largement russophone, en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et que Moscou entend à présent conquérir entièrement.

La ville, qui comptait avant la guerre près de 100.000 habitants, est jumelle de celle de Severodonetsk, conquise la semaine dernière par Moscou après le retrait des forces ukrainiennes à l'issue d'une bataille de plusieurs semaines. Les deux villes sont séparées par la Donets, principal affluent du Don.

La prise de Lyssytchansk permettrait à l'armée russe d'avancer vers Sloviansk (à une soixantaine de kilomètres à l'ouest) et Kramatorsk, deux autres grandes villes du Donbass situées dans la région de Donetsk.

Vendredi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait reconnu que la situation demeurait "extrêmement difficile" sur place pour les forces ukrainiennes.

- "Lourdes pertes" -

A Sloviansk, qui subit depuis au moins une semaine des tirs de roquettes jour et nuit touchant des quartiers résidentiels, au moins quatre civils ont été tués et 12 blessés depuis vendredi matin, selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.

Un tir de roquettes a notamment touché des maisons habitées vendredi soir, provoquant la mort d'une femme qui était dans son jardin et blessant son mari, a raconté samedi un voisin à un journaliste de l’AFP en montrant les dégâts provoqués sur des bâtiments du quartier.

Le maire de la ville, Vadym Liakh, a accusé les forces russes d'avoir utilisé des armes à sous-munitions, interdites par des traités internationaux auxquels Moscou n'est pas partie.

Plus au nord, à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, "la matinée [...] a été particulièrement agitée", a indiqué le gouverneur régional Oleg Sinegoubov, selon qui des missiles ont frappé un quartier de la ville sans faire de victimes.

Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère de la Défense russe, a déclaré que l'armée de l’air russe avait frappé à Kharkiv l’usine de tracteurs locale où se trouvaient des troupes et des équipements de la 10e brigade d'assaut de montagne ukrainienne.

Sur le front sud, selon M. Konachenkov, l’armée russe a atteint avec des tirs d'artillerie ou des frappes aériennes 39 centres de commandement et deux dépôts de munitions près de Mykolaïv. Le gouverneur régional ukrainien, Vitaly Kim, a indiqué que des explosions avaient été entendues dans la matinée et que les autorités s'efforçaient d'en mesurer les conséquences.

D'une manière générale, a affirmé M. Konachenkov, "l'ennemi subit de lourdes pertes sur tous les fronts".

- "Terreur délibérée" -

Vendredi soir, M. Zelensky avait accusé Moscou d'utiliser la "terreur [...] délibérée", après la mort, selon les autorités militaires et civiles ukrainiennes, de 21 personnes au moins, dont un garçon de 12 ans, dans une frappe de trois missiles russes ayant détruit "un grand immeuble" et "un complexe touristique" à Serguiïvka, localité sur le littoral de la mer Noire, à environ 80 kilomètres au sud-ouest d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine.

Les autorités locales assurent qu'"il n'y avait pas la moindre cible militaire" à l'endroit des frappes.

En réponse aux accusations ukrainiennes, le Kremlin a assuré que "les forces armées de Russie n'opèrent pas sur des cibles civiles" en Ukraine, réaction qualifiée d'"inhumaine et cynique" par Berlin.

Selon Kiev, les frappes sur Serguiïvka ont fait 38 blessés, parmi lesquels cinq enfants, dont deux dans un état grave.

Selon l'armée ukrainienne, les armes utilisées contre Serguiïvka sont des missiles de croisière soviétiques datant de la guerre froide et conçus pour frapper un groupe aéronaval, du même type que ceux ayant frappé lundi un centre commercial à Krementchouk (centre de l'Ukraine, à 200 km du front) et ayant fait 21 morts selon un nouveau bilan fourni samedi par le maire de la ville, Vitali Maletsky.

Sur le plan diplomatique, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, a indiqué sur Twitter avoir discuté avec le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, "de nouvelles mesures après que l’Ukraine est devenue un pays candidat à l'UE" fin juin, après l'aval des dirigeants des Vingt-Sept.

Tous deux, a-t-il dit, sont tombés d'accord "sur la nécessité du septième paquet de sanctions de l’UE contre la Russie".

Face au blocus maritime que lui impose la Russie et qui l'empêche d'exporter son blé, l'Ukraine a demandé vendredi à la Turquie d'intercepter un cargo russe parti du port de Berdiansk, en zone occupée, sur la mer d'Azov, et qu'elle soupçonne de transporter des milliers de tonnes de céréales volées par Moscou.

Comme pour illustrer l'enjeu de la guerre des céréales qu'impose Moscou à Kiev et qui inquiète nombre de pays africains dépendant du blé ukrainien pour leur sécurité alimentaire, l'armée ukrainienne a affirmé vendredi soir, vidéo à l'appui, que l'armée russe avait frappé à deux reprises avec des bombes au phosphore l'île aux Serpents. L'armée russe n'a fait aucune commentaire sur ces accusations dans son point de presse quotidien, samedi.

Proche des côtes ukrainiennes et roumaines dans la mer Noire, l'île aux Serpents est essentielle pour contrôler la circulation maritime.

Moscou avait assuré jeudi s'en être retiré en "signe de bonne volonté". Kiev affirme pour sa part que les Russes en ont été chassés par des frappes ukrainiennes répétées.

W.F.Walter--MP