

La réduction de l'aide risque d'exposer 13,7 millions de personnes à des niveaux de faim extrêmes, alerte le PAM
Les coupes dans les financements de l'aide humanitaire risquent d'exposer jusqu'à 13,7 millions de personnes à des niveaux de faim extrêmes à l'échelle mondiale, a averti mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM).
Cette agence onusienne a précisé que six de ses opérations (Afghanistan, République démocratique du Congo, Haïti, Somalie, Soudan du Sud et Soudan) étaient "actuellement confrontées à des perturbations majeures, qui ne feront qu'empirer".
Elle prévient que son financement "n'a jamais été aussi difficile", anticipant "une baisse de 40%" de ce dernier en 2025, "ce qui se traduira par un budget prévisionnel de 6,4 milliards de dollars, contre 10 milliards en 2024".
"Le système humanitaire est mis à rude épreuve car les partenaires se retirent des zones en première ligne, créant un vide", poursuit le PAM, qui a son siège à Rome, dans un nouveau rapport intitulé "Une bouée de sauvetage en danger".
Ce dernier ne cite aucun pays nommément mais signale une étude parue dans le journal médical The Lancet selon laquelle 14 millions de décès supplémentaires, liés à des maladies, des carences nutritionnelles et des affections maternelles et périnatales, pourraient survenir dans le monde d'ici à 2030 du seul fait des coupes budgétaires dans l'aide américaine.
Depuis le retour du président américain Donald Trump à la Maison blanche en janvier, Washington a annoncé une réduction massive de son aide à l'étranger, portant un coup dur aux opérations humanitaires dans le monde entier.
- Fonds "cruellement insuffisants" -
"La couverture des programmes a été considérablement réduite et les rations diminuées. L'aide vitale aux ménages en situation de catastrophe alimentaire (phase 5 de l'IPC, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, NDLR) est menacée, tandis que la préparation aux chocs futurs a considérablement diminué", met en garde le PAM.
À travers le monde, "le PAM estime que ses manques de financements pourraient pousser de 10,5 à 13,7 millions de personnes actuellement en situation de crise aiguë d'insécurité alimentaire (phase 3 de l'IPC) vers une situation d'urgence humanitaire (phase 4 de l'IPC)".
"Le monde est confronté à des problèmes de faim d'une ampleur jamais vue auparavant et les fonds nécessaires pour nous aider à y répondre sont cruellement insuffisants", a déclaré Cindy McCain, la directrice du Programme alimentaire mondial, citée dans le communiqué.
"Nous voyons la bouée de sauvetage de millions de personnes se désintégrer sous nos yeux", a-t-elle ajouté.
L'agence onusienne a révélé qu'elle avait réduit à 600.000 le nombre des bénéficiaires de l'aide alimentaire ce mois-ci en République démocratique du Congo, contre 2,3 millions prévus auparavant, tandis qu'au Soudan du Sud, les coûteux largages d'aide dans les zones à risque de famine sont menacés par des contraintes de financement.
"La faim dans le monde atteint des niveaux records", alerte le PAM, avec 319 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë, dont 44 millions en urgence alimentaire (IPC 4).
Tandis que l'ONU a officiellement déclaré l'état de famine dans la bande de Gaza plus tôt cette année, le PAM considère que le nombre des personnes "en situation de famine ou au bord du gouffre" a doublé en seulement deux ans pour atteindre 1,4 million dans cinq pays : Palestine, Soudan, Soudan du Sud, Yémen et Mali.
"L'objectif zéro faim n'a jamais semblé aussi lointain. Nous risquons de perdre des décennies de progrès dans la lutte contre la faim", a déploré Cindy McCain.
A.Schneider--MP