

Japon: la possible Première ministre s'abstient de visiter un sanctuaire symbole du militarisme
La possible future Première ministre du Japon, Sanae Takaichi, s'est abstenue vendredi de se rendre au sanctuaire shinto de Yasukuni, se contentant d'envoyer une offrande alors que les divers partis tentent de s'entendre avant un vote au Parlement la semaine prochaine.
Cette personnalité ultra-nationaliste, élue le 4 octobre à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) au pouvoir, doit succéder au Premier ministre démissionnaire Shigeru Ishiba.
Mais son dessein de devenir la première femme au poste de Premier ministre du Japon est compromis par l'effondrement la semaine dernière de sa coalition avec le parti centriste Komeito, en raison de désaccords sur les suites d'un scandale financier au sein du PLD.
Son parti multiplie depuis les rencontres avec d'autres formations pour pouvoir porter Mme Takaichi aux responsabilités, lors d'un vote parlementaire qui doit selon les médias locaux avoir lieu mardi.
Aucun Premier ministre japonais en exercice ne s'est plus rendu au sanctuaire de Yasukuni depuis 2013, quand la visite de Shinzo Abe sur place avait suscité la fureur des voisins du Japon et des remontrances de la part de Washington.
Le sanctuaire est considéré comme un symbole du passé militariste du Japon, de sinistre mémoire pour les pays voisins, comme la Chine et la péninsule coréenne, théâtre d'exactions commises par des militaires japonais dans la première moitié du XXe siècle.
Mme Takaichi, connue notamment pour ses positions intransigeantes envers la Chine, est allée à Yasukuni à de nombreuses reprises par le passé, notamment quand elle était à la tête de ministères.
Vendredi, pour le premier jour de la fête d'automne du sanctuaire, elle s'est cependant abstenue, craignant selon les médias nippons de contrarier les pays voisins. Elle s'est contentée d'envoyer une offrande.
- Opposition désorganisée -
Le temps presse pour la nomination au poste de Premier ministre, alors que le président américain Donald Trump devrait se rendre à Tokyo à la fin du mois.
Les relations commerciales restent en suspens entre Washington et Tokyo. M. Trump accroit la pression sur le Japon pour qu'il cesse d'importer de l'énergie russe et augmente ses dépenses de défense.
Tandis que l'opposition mène de laborieuses discussions pour tenter de s'entendre, la droite conservatrice japonaise (PLD) au pouvoir négocie en vue de former une nouvelle coalition avec le parti populiste de centre-droit Ishin, aussi appelé Parti japonais de l'innovation, et permettre à Mme Takaichi d'être élue cheffe du gouvernement.
"Je pense que nous avons fait des progrès pour renforcer la confiance mutuelle, car la présidente (du PLD) Takaichi et moi-même sommes très proches sur de nombreux sujets, notamment nos opinions sur l'actualité et la philosophie politique du pays", a déclaré jeudi Fumitake Fujita, co-président du parti Ishin.
Si les deux formations "s'accordent pour former une coalition, Mme Takaichi deviendra Première ministre", a commenté Mikitaka Masuyama, professeur à l'Institut national d'études politiques, auprès de l'AFP.
Mais il a averti que, comme lors des dernières élections, le soutien populaire au PLD pourrait continuer à diminuer.
"Les deux scénarios sont possibles. Le PLD dirigé par Takaichi pourrait ne pas bénéficier de la popularité dont jouissaient ses anciens dirigeants Junichiro Koizumi et Shinzo Abe auprès d'une partie des électeurs de droite et de gauche", selon lui.
"Ou bien, son gouvernement pourrait regagner le soutien des conservateurs qui ont quitté le PLD pour rejoindre d'autres partis conservateurs d'opposition" lors des élections à la chambre haute en juillet, a-t-il ajouté.
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S.Kraus--MP