

Gaza: cinq choses à savoir sur le passage de Rafah
La réouverture du poste-frontière de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, prévue dans le cadre du plan Trump, reste en suspens malgré les appels des agences des Nations unies et d'autres acteurs majeurs comme la Croix-Rouge ou le Croissant-Rouge.
Voici cinq choses à savoir sur cet accès hautement stratégique pour acheminer l'aide humanitaire, évacuer les blessés et reconstruire le territoire ravagé par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.
- Un point d'accès crucial -
Le poste-frontière est situé à l'extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Egypte, en bordure du désert du Sinaï.
L'accès par l'Egypte est crucial pour les employés humanitaires internationaux et pour les camions transportant de l'aide, des denrées et surtout du carburant, indispensable à la vie quotidienne dans un territoire privé d'électricité.
Le passage a été longtemps un des principaux points de sortie des Palestiniens de Gaza autorisés à quitter cette étroite bande de terre, soumise à un blocus israélien depuis 2007.
Il a été de 2005 à 2007 le premier terminal frontalier palestinien contrôlé par l'Autorité palestinienne, avant de devenir un des symboles de la souveraineté du Hamas sur la bande de Gaza.
- Sous contrôle israélien -
Le 7 mai 2024, l'armée israélienne a pris le contrôle du côté palestinien en affirmant que le poste était "utilisé à des fins terroristes", avec de forts soupçons sur des acheminements d'armes. Tous les accès ont alors été fermés, y compris ceux des Nations unies.
Le poste a brièvement rouvert lors du précédent cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entré en vigueur le 19 janvier 2025, permettant d'abord le passage des personnes autorisées à quitter le territoire palestinien, puis des camions.
- Réouverture prochaine? -
Sous pression, le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar avait évoqué la semaine dernière une réouverture dimanche mais le bureau du Premier ministre israélien a finalement fait savoir que le passage de Rafah resterait fermé "jusqu'à nouvel ordre".
Le poste doit être ouvert pour la "circulation des personnes uniquement", selon le Cogat, l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens.
Le plan du président américain Donald Trump qui sous-tend l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entré en vigueur le 10 octobre, prévoit dans ses points 7 et 8 que le territoire redevienne accessible à l'aide humanitaire internationale et que le passage de Rafah ouvre après le cessez-le-feu et la libération des otages israéliens par le Hamas.
Mais depuis le 10 octobre, les autorités israéliennes ont atermoyé en invoquant le manquement du Hamas à restituer tous les corps, puis la nécessité de coordination avec l'Egypte, avant de reprendre dimanche les frappes aériennes sur le territoire.
- Circuit humanitaire -
L'aide internationale arrive généralement en Egypte par les ports de Port Saïd ou d'al-Arish, la ville la plus proche de la bande de Gaza, où stationnent actuellement des centaines de camions d'aide humanitaire, en attente de passage vers la frontière.
Selon les récits des chauffeurs, une fois franchi le poste de Rafah, les poids lourds sont dirigés vers le passage israélien de Kerem Shalom (Karem Abu salem), à quelques kilomètres.
Là, les conducteurs descendent de leur véhicule le temps de l'inspection. Après des contrôles drastiques, les produits autorisés à entrer sont déchargés puis rechargés à bord d'autres véhicules autorisés à entrer dans Gaza.
- Les autres accès -
Alors que l'accord porté par le président Trump prévoit l'entrée de 600 camions par jour, Israël autorise encore l'acheminement de l'aide humanitaire au compte-goutte, pour les trois quarts via le passage de Kerem Shalom, le reste via celui de Kissoufim (centre-est), selon l'ONU.
Le point de passage d'Erez (ou de Beit Hanoun), entre le nord du territoire palestinien et le sud d'Israël, a été détruit par des hommes armés du Hamas lors de son attaque sans précédent du 7 octobre 2023 contre Israël. Brièvement rouvert début 2025, il est actuellement fermé, sans date d'ouverture.
D'autres voies d'accès, comme Karni (al-Muntar), dans le nord-est, Sufa (al-Awdah) dans le sud ou Zikim (nord) ont fonctionné par le passé, mais les autorités israéliennes communiquent peu sur le sujet.
P.Mueller--MP