Les vols directs entre l'Inde et la Chine ont repris, signe d'un apaisement des tensions
Les vols directs entre l'Inde et la Chine continentale ont repris, plus de cinq ans après leur suspension, avec l'atterrissage lundi à Canton d'un avion parti de Calcutta, une étape importante pour le commerce et le signe d'un apaisement entre ces deux géants.
L'appareil de la compagnie IndiGo, le numéro un indien du transport aérien, est arrivé dans cette ville du sud-est de la Chine peu avant 04H00 heure locale (dimanche 20H00 GMT). Le vol 6E1703 avait décollé de l'aéroport international Subhash Chandra Bose de Calcutta (nord-est).
"C'était un vol tellement tranquille et facile", a réagi Rashika Mintri, décoratrice d'intérieur de 44 ans.
La reprise des vols est un "premier pas" vers l'apaisement des liens diplomatiques, a estimé pour sa part Athar Ali, homme d'affaires de 33 ans, qui faisait la queue pour le trajet retour vers Calcutta lundi.
Les deux pays les plus peuplés de la planète ont amorcé un rapprochement il y a quelques mois après une période de relations glaciales, à la suite d'un accrochage militaire meurtrier en 2020 dans une zone frontalière de l'Himalaya.
Ce rétablissement des liaisons aériennes directes favorisera les "contacts entre les peuples" et contribuera à la "normalisation progressive des échanges bilatéraux", a affirmé le gouvernement indien.
Les vols directs entre les deux puissances asiatiques - 500 par mois environ - avaient été suspendus en raison de la pandémie de Covid-19 et n'avaient pas repris.
Le rapprochement entre Pékin et New Delhi, qui se disputent leurs zones d'influence dans la région, intervient au moment où les relations de l'Inde avec les Etats-Unis se détériorent.
Fin août, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe de 50% à l'ensemble des exportations indiennes, reprochant à l'Inde de financer la guerre en Ukraine à travers ses achats de pétrole à la Russie.
- "Une excellente nouvelle" -
A partir de novembre, des vols relieront également New Delhi à Shanghai et Canton, venant s'ajouter à ceux entre l'Inde et Hong Kong qui n'ont jamais cessé.
Ces liaisons aériennes directes "réduiront les délais logistiques et de transit", s'est félicité auprès de l'AFP Rajeev Singh, le président de la Chambre de commerce indienne à Calcutta.
Cette ville entretient des liens séculaires avec la Chine continentale depuis l'ère coloniale britannique, lorsque des migrants chinois s'y étaient installés en tant que commerçants.
"C'est une excellente nouvelle pour des gens comme nous, qui ont des proches en Chine", a apprécié Chen Khoi Kui, une figure de proue du quartier chinois de Calcutta.
"Cela stimulera le commerce, le tourisme et les voyages d'affaires".
L'Inde, qui dépend fortement des matières premières chinoises, affiche un important déficit commercial avec la Chine.
Le dégel entre les deux nations est consécutif à des rencontres entre leurs dirigeants en Russie l'année dernière et en Chine en août.
Les importations de l'Inde en provenance de Chine ont bondi, s'élevant à plus de 11 milliards de dollars le mois dernier, en hausse de plus de 16% par rapport à septembre 2024, selon le ministère indien du Commerce.
De leur côté, les exportations de l'Inde vers la Chine ont atteint 1,47 milliard de dollars, un montant bien inférieur mais en hausse d'environ 34% sur un an.
- "Message clair" à Washington -
Les relations entre ces deux pays qui partagent une frontière longue de 3.500 kilomètres étaient tombées au plus bas en 2020, après un violent accrochage qui avait coûté la vie à au moins 20 soldats indiens et à quatre militaires chinois.
New Delhi avait réagi en tentant de limiter les investissements chinois et en interdisant des centaines d'applications chinoises, dont TikTok.
L'Inde avait également cherché à nouer des liens plus étroits avec les Etats occidentaux et notamment avec les membres du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, ou Quad, une alliance regroupant Inde, États-Unis, Japon et Australie destinée à contrer l'influence de la Chine dans la région Asie-Pacifique.
Ce mois-ci, dans le cadre de Diwali, la fête hindoue des lumières, des soldats indiens et chinois ont échangé des bonbons en signe "de bonne volonté", a souligné Yu Jing, le porte-parole de l'ambassade de Chine en Inde.
En août, après une rencontre entre le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi, le quotidien The Indian Express avait affirmé dans un éditorial qu'un réchauffement des relations avec Pékin envoyait "un message clair" à Washington.
Mais la route reste longue.
"Gérer une Chine qui se montre de plus en plus ferme demeure le défi à long terme pour l'Inde", avait rappelé le quotidien.
J.P.Hofmann--MP