La mobilisation agricole enfle, le gouvernement maintient le cap sur la dermatose bovine
Les agriculteurs menacent mercredi de maintenir leurs blocages pendant les fêtes face à un gouvernement qui garde le cap dans sa gestion de la dermatose bovine, catalyseur d'une colère agricole qui va s'étendre jeudi à Bruxelles contre l'accord UE-Mercosur.
La mobilisation s'est durcie il y a une semaine pour s'opposer à l'abattage d'un troupeau contaminé par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) en Ariège.
Fer de lance de l'opposition à cette stratégie qui a conduit à l'euthanasie de plus de 3.300 bêtes depuis juin, la Coordination rurale et la Confédération paysanne ont été ralliées par des branches locales des Jeunes Agriculteurs (JA) et parfois de la FNSEA, premier syndicat agricole.
"Tant qu'on n'a pas une réponse de l'État, une réponse concrète, on ne bougera pas", a déclaré Alexandre Garcia membre des JA de l'Aude sur le blocage de l'A61 qui relie Toulouse à la Méditerranée et à l'Espagne, avant qu'un manifestant ne scande "stop à l'abattage et non au Mercosur", entouré de tracteurs.
Les actions sont variées: brasiers sur des routes, blocage des trains, mur de paille devant la préfecture de Limoges et même un chef étoilé dans une manifestation de Haute-Loire. Le ministère de l'Intérieur a relevé mercredi 80 actions sur le territoire mobilisant 3.600 personnes, après 75 mardi, 45 lundi et 27 dimanche.
Plus d'un million de bêtes ont déjà été vaccinées, principalement en Savoie où l'épizootie a été maîtrisée cet été, mais aussi dans les Pyrénées-Orientales où plus de 80% des bovins ont été vaccinés dans la zone réglementée établie après l'apparition des premiers cas mi-octobre, a indiqué mercredi le ministère de l'Agriculture.
- "Dialogue scientifique" -
Une première réunion d'une cellule de "dialogue scientifique" aura lieu mercredi soir à Toulouse et réunira plusieurs présidents de chambres d'agriculture départementales, des scientifiques, des vétérinaires et des représentants locaux.
Le but est d'étudier les protocoles alternatifs mais la directrice générale de l'alimentation Maud Faipoux a répété mercredi devant une commission de députés que l'objectif n'était "pas de dire oui si ça protège moins bien" mais bien de réfléchir.
Un "parlement du sanitaire", réunion au ministère de tous les acteurs concernés, aura lieu en janvier, a-t-elle ajouté, rendant peu probable un changement majeur de stratégie d'ici-là.
La question de la vaccination des 16 millions de bovins en France, demandée par Coordination rurale et Confédération paysanne, sera étudiée mais son impact économique devra être soupesé puisque cela restreindrait les mouvements et donc les exportations.
En attendant, le gouvernement compte sur un déploiement massif de vaccins dans le Sud-Ouest et a durci son discours sur les mouvements illicites d'animaux, qui ont probablement contribué à diffuser la maladie la semaine dernière en Occitanie, qui compte 25 des 113 foyers recensés depuis juin en France.
"Des interdictions ont été contournées par un certain nombre d'acteurs", a déclaré le Premier ministre Sébastien Lecornu au Sénat, appelant à la "responsabilité".
- Mercosur en ligne de mire -
Mercredi matin, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a appelé à "l'apaisement à l'approche de Noël", mais les agriculteurs ont dit leur intention de continuer de manifester et bloquer des axes routiers au-delà des fêtes "s'il le faut".
La Confédération paysanne a indiqué mercredi soir prévoir une quinzaine d'actions dans presque autant de départements sur les prochains jours.
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a prévenu mercredi matin qu'une signature du traité entraînerait de nouvelles actions qui pourraient rappeler celle de l'hiver 2024, durant lequel le premier syndicat avait lancé ses tracteurs sur Paris avant le Salon de l'agriculture.
"Il est inacceptable d'amener des denrées cultivées, élevées, avec des moyens de production interdits en Europe", a lancé Jérôme Barthès, président de la FDSEA de l'Aude, après une manifestation à Carcassonne. D'autres rassemblements ont eu lieu à Strasbourg et à Liège en Belgique mercredi.
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D.Johannsen--MP