

Mondial de rugby: les Bleues pour faire tomber les invincibles et leur plafond de verre
Contre des Anglaises ayant gagné 60 de leurs 61 derniers matches, le XV de France, amputé de trois titulaires en une semaine, se confronte samedi à son plafond de verre des demi-finales du Mondial pour écrire une des plus belles pages du sport tricolore.
Les raisons de voir les Françaises perdre samedi (16h30) sur la pelouse de l'Ashton Gate de Bristol, qui sonnera quasi unanimement contre elles, sont innombrables.
En voici quelques unes: elles ont enchaîné en août une seizième défaite contre cet adversaire, la plus large depuis 16 ans (40-6); affichent un niveau de jeu irrégulier quand l'Angleterre écrase la concurrence; semblent à cours de solution sur ballon porté, l'arme préférée des Red Roses; ont perdu au début de la semaine leur co-capitaine Manae Feleu (suspension), leur troisième ligne Axelle Berthoumieu, suspendue après une morsure inexplicable, et leur ouvreuse Lina Queyroi (commotion)...
La litanie des blessées s'est même prolongée vendredi avec le forfait de Joanna Grisez, co-meilleure marqueuse d'essais du Mondial pour la France (4), dont celui, désicif contre l'Irlande en quarts de finale au bout d'une remontée de 70 mètres.
Mais l'objectif au bout est immense: accomplir ce qu'aucune génération du XV de France féminin n'a jamais réussi en neuf participations à un Mondial et huit tentatives: gagner en demi-finales pour jouer le titre.
"La magie du sport, du sport de très haut niveau, c'est qu'il y a des matches qui sont complètement différents, où les statistiques ne comptent plus", veut croire la désormais seule capitaine Marine Ménager, repositionnée à l'aile.
- Instiller le doute -
Pour cette mission, les Bleues doivent, selon la co-sélectionneuse Gaëlle Mignot, "mettre des grains de sable" pour enrayer le jeu certes stéréotypé des Anglaises, mélange de puissance des avants et de ballon porté.
La Nouvelle-Zélande est la dernière à y être parvenue, au bon moment, en finale du précédent Mondial en 2022 où la dernière touche à cinq mètres des Anglaises s'est éparpillée contre toute attente, offrant un sixième titre planétaire aux Blacks Ferns (34-31).
La France a été l'équipe la plus proche d'y arriver depuis, lors de la dernière journée décisive du Tournoi fin avril: menées 31-7 après vingt minutes, les coéquipières de Pauline Bourdon Sansus, lanceuse de révolte, sont revenues, étourdissant les Anglaises en fin de match, 43-42 juste avant la sirène.
Comment l'Angleterre, numéro une mondiale depuis cinq ans et ayant toujours gagné depuis trois ans avec une marge supérieure à sept points -- sauf deux fois contre... la France (2023, 2025) -- réagira-t-elle si les Bleues la malmène et que le doute s'installe ?
"On sait que c'est une équipe qui peut s'essouffler en fin de match, qui n'est pas habituée à des scores serrés (...) Ce qui a pu nous faire défaut sur les dernières rencontres, c'était l'entame. On a beaucoup travaillé dessus, pour justement essayer d'être le plus proche possible à la pause", jure l'arrière Morgane Bourgeois, dont les tentatives face aux perches auront un grand impact sur le destin du match.
"Ce qui va vraiment faire notre force, c'est de rester solidaires, de mettre beaucoup de rythme et d'avoir un fort caractère défensivement comme on l'a eu sur le match contre l'Irlande, sur le quart de finale. Il n'y a pas grand monde qui croit en nous, mais nous, en tout cas, on croit en nous et on sait qu'on est capables de surmonter plein de choses" a assuré Pauline Bourdon Sansus vendredi en conférence de presse d'avant match.
Un discours d'espoir déjà entendu plusieurs fois avant le Crunch. Reste désormais à le mettre en pratique.
A.Roth--MP