Rugby: deux ans après, "défi immense" pour le XV de France face aux Springboks
Deux ans après le cauchemar en quart de finale du Mondial-2023 (29-28), le XV de France retrouve les Springboks samedi soir. Et "le défi sera immense" face aux doubles champions du monde en titre, "la meilleure équipe du monde" selon le sélectionneur Fabien Galthié.
Mais ne leur parlez pas de revanche, un mot qui semble avoir été effacé du vocabulaire bleu. Même si Romain Ntamack, blessé et absent lors de cette désillusion, qui sera à la baguette à l'ouverture samedi soir au Stade de France (21h10), reconnaît que "le traumatisme a été au-delà des 23" joueurs sur la feuille de match ce jour-là.
"Le passé nourrit, mais nous sommes tournés vers le futur", a encore assuré jeudi Fabien Galthié, préférant se projeter sur "les 20 matches à jouer" par le XV de France d'ici le Mondial-2027 en Australie. A commencer par cet Everest, face à "peut-être la meilleure équipe qui ait jamais existé".
Quinze des 30 acteurs ayant débuté le quart de finale du 15 octobre 2023 seront sur le terrain au coup d'envoi samedi: neuf chez les Springboks, six dans les rangs d'une équipe de France davantage touchée par les blessures.
Et si Siya Kolisi, le leader springbok, sera bien sur la pelouse, pour sa 100e sélection, il ne retrouvera pas Antoine Dupont, le maestro du rugby français, écarté des terrains depuis sa rupture des ligaments croisés du genou droit en mars.
Alors certes, Romain Ntamack, le titulaire habituel à l'ouverture, est de retour et sera aligné avec Nolann Le Garrec à la mêlée. Une charnière inédite chez les Bleus, la 15e de l'ère Galthié.
Quant aux lignes arrières, elles auront fière allure, avec le métronome Thomas Ramos à l'arrière, meilleur marqueur de l'histoire des Bleus depuis le dernier Tournoi des six nations, et les fusées Louis Bielle-Biarrey et Damian Penaud aux ailes, le second pouvant devenir seul meilleur marqueur d'essais du rugby tricolore devant le mythe Serge Blanco s'il aplatit pour la 39e fois dans l'en-but adverse.
Le tout sous la conduite du patron Gaël Fickou (97e sélection), reconduit comme capitaine, comme lors de la tournée d'été en Nouvelle-Zélande.
"On ne parle pas de revanche. Sincèrement, on parle de match important, tout simplement. On va de l'avant (...) avec une nouvelle évolution, un nouveau staff et des nouveaux joueurs", a décrit vendredi Gaël Fickou.
- "Peu importe le résultat" -
Pour gagner samedi, les Bleus devront contrôler l'imprévisible Sacha Feinberg-Mngomezulu, le nouvel ouvreur springbok, résister aux chandelles sud-africaines qui leur avaient coûté deux essais en 2023, et éviter cette fois de se faire contrer une transformation par Cheslin Kolbe... Mais il faudra d'abord résister au surpuissant pack springbok.
Et ce sont deux vrais bleus qui vont se coltiner le gros du boulot, au coeur de la mêlée, avec deux petites sélections chacun au compteur: Baptiste Erdocio comme pilier gauche et Régis Montagne à droite. Régis "Mountain" comme l'a (ironiquement ?) rebaptisé Rassie Erasmus jeudi, publiant la composition du XV de France 40 minutes avant Galthié.
"C'est la meilleure équipe de France du moment et les meilleurs piliers du moment", a insisté ce dernier jeudi, estimant "vexatoire" de souligner leur expérience internationale ténue.
Face à "l'immense défi" décrit, "peu importe le résultat", comme l'affirmait Romain Ntamack mercredi à Marcoussis ? L'ouvreur toulousain semblait en tout cas surfer sur les propos de son sélectionneur au quotidien Sud-Ouest en octobre, quand celui-ci affirmait qu'il ne regardera pas "le ratio de victoires" mais qu'il sera "attentif autant au fond qu'à la forme".
Une victoire peut apporter des satisfactions à court terme: la confirmation de la première place mondiale pour les Springbok, ou redevenir la première nation européenne pour la France, ce qu'elle n'a pas été depuis juillet 2022.
Les Boks, à leur aise au Stade de France avec dix victoires en 13 matches, n'ont perdu qu'une fois contre le XV de France depuis 15 ans, 30-26 en novembre 2022. C'était au Stade Vélodrome, à Marseille. La précédente victoire française contre eux remonte à 2009, à Toulouse.
B.Fuchs--MP